Osman Jérôme

Toni Kroos ou le miracle allemand

Ce week-end la Russie a connu de nouvelles grandes émotions, notamment au Fisht Stadium, où Allemands et Suédois se sont affrontés dans un duel de haute intensité.

Toni Kroos via : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UEFA_Euro_2012_qualifying_-_Austria_vs_Germany_2011-06-03_(06).jpg
Toni Kroos via : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UEFA_Euro_2012_qualifying_-_Austria_vs_Germany_2011-06-03_(06).jpg

Une énorme pression reposait sur les dos des Allemands, qui ont été extrêmement décevants pour leur entrée dans la compétition, les champions du monde en titre ont en effet chuté face aux Mexicains (1-0) le 17 juin. Après cette défaite initiale, il fallait donc se ressaisir face aux suédois.

Les champions du monde sont de retour. Même si ce n’est pas avec les éclats attendus… la rencontre avec les suédois fut un vrai match à suspens, hautement disputé jusque dans les dernières secondes du temps additionnel. L’équipe allemande est finalement arrivée à s’imposer face à la Suède sur le fil par  un score de 2-1. Un « ouf » de soulagement, notamment pour le sélectionneur Joachim Löw, dont les choix tactiques ont été décriés ces derniers jours.

La possession allemande

Déjà en mauvaise posture dans le groupe F après leur défaite face au Mexique, les Allemands savaient  qu’ils n’avaient pas le droit à l’erreur dans cette confrontation avec la Suède. L’équipe suédoise était assez en forme, forte de sa victoire après sa première sortie face à la Corée du Sud (score 1-0). Mais samedi, dès le coup d’envoi de la rencontre, la Mannschaft manifestait son envie de monopoliser le jeu. Pendant les premières minutes de la partie, les Kroos, Reus, Müller, Draxler et Werner ne faisaient que mener des assauts offensifs contre des Suédois, qui se contentaient de bien défendre et d’opérer en contre.

Au fil des minutes, comme une évidence, l’Allemagne garde la possession de balle. Mais l’équipe adverse fait face : les suédois sont intelligemment regroupés sur le plan défensif et ne sont pas vraiment dérangés par l’attaque allemand. Ainsi, au milieu de la domination allemande, après une trentaine minute de jeu, la tactique suédoise se révéle payante. Car, pendant que les attaques allemandes répétées restaient sans succès, les Suédois, par l’intermédiaire d’Ola Toivonen, réussirent à ouvrir le score à la trente-deuxième minute. Jusqu’alors inefficaces à l’attaque, les Allemands ont pris comme un coup sur la tête.

L’avantage est donc aux Suédois dans la première période du match. Les champions du monde en titre sont virtuellement éliminés ! Un scénario impensable quelques jours auparavant, l’équipe de Joachim Löw avait même été donnée favorite à sa propre succession.

Une victoire méritée

Après maintes considérations, nous serons finalement tous d’accord pour dire que le résultat final de la rencontre en faveur de l’Allemagne n’est pas injuste. Même si on doit reconnaître que les Suédois ont tout fait pour arracher le point du nul. Mais, c’était sans compter avec la détermination des Allemands. Dans la douleur, ils n’ont jamais douté au succès, à l’image d’un Jérôme Boateng monstrueux dans toutes les parties du terrain. Au point même de se faire expulser à quelques minutes de la fin de la bataille !

L’égalisation est vite trouvée au début du second acte par Reus. Les Allemands n’ont jamais arrêté de mettre le pied sur l’accélérateur. Même si dans cette folle précipitation, ils ont failli se faire punir à plusieurs reprises par des Suédois souvent dangereux dans les contres. Heureusement, Manuel Neur a gardé des mains salvatrices : à plusieurs occasions, le portier munichois a dû sortir le grand jeu pour repousser les tentatives suédoises.

Le coup de génie

Dans ce genre de matchs où l’enjeu est important, les minutes passent comme des secondes. Entre les attaques allemandes et les défenses suédoises, les contre-attaques suédoises et les défenses allemandes, certains instants de la seconde mi-temps  ont été de toutes les émotions. Et, dans un battement de paupières, on s’est retrouvés à la 90e minute de jeu. Déjà ! Le score inchangé (1-1) qui persiste dans le tableau d’affichage élimine les Allemands du reste de la compétition, tandis qu’avec 4 points, la Suède se sent plus confortable pour aller chercher sa place de qualification pour les huitièmes de finale lors de son prochain rendez-vous face au Mexique.

Mais, les cinq minutes du temps additionnel ont tout fait basculé du côté des Allemands, portés à la victoire par un coup franc magistral  de son meneur de jeu Toni Kroos. Les allemands ont  évités le pire in extremis.

Malgré des statistiques flatteuses, le joueur du Real Madrid n’était pas dans un grand soir jusqu’à cette frappe victorieuse. Mais, les grands joueurs savent faire la différence, notamment dans les moments difficiles. Sans craquer, la tête sur les épaules, la magie dans les pieds, Toni Kroos a répondu comme il le fallait : un but à la 95e minute, qui permet à son équipe d’espérer un billet pour les huitièmes de finale.
Bien qu’aujourd’hui rien ne soit encore assuré.

Osman Jérôme


Brésil : les premières inquiétudes du grand favori

Après des éliminatoires survolés avec matière et manière, il est évident que le Brésil débarque chez Poutine avec un statut de grandissime favori de la Coupe du monde.

Cet article a initialement été publié sur lautrehaiti.mondoblog.org.

Avant même le début de la compétition, en vertu des succès des matchs de préparation, on sentait déjà une réelle envie des Brésiliens de se passer du traumatisme de la débâcle de 2014, dont les images hantent aujourd’hui encore l’esprit des supporters. Maintenant, attendons de voir si la Seleção sera bel et bien à la hauteur de l’exploit attendu. En attendant la réponse définitive, la première sortie du Brésil n’a pas été très convaincante, loin de là …  

CC: Brazil_men's_football_team_2016_Olympics
CC: Brazil_men’s_football_team_2016_Olympics

Ces dernières années les observateurs du football se sont de plus en plus plantés dans les pronostics. On a eu droit à des surprises inédites. Le monde a évolué et la pratique du football n’est pas en reste. Les pays concernés consentissent à de nombreux efforts pour être à la hauteur des événements, et, c’est une bonne chose pour ceux qui regardent le foot en prenant en compte son côté esthétique. Car il faut reconnaître que ce n’est pas toujours intéressant d’assister à un match de football où la nette supériorité de l’une des deux équipes a tendance à réduire la beauté de la chose. Certes, il y aura toujours des différences de niveau, mais c’est quand même mieux quand c’est équilibré. Ça donne plus de sens au jeu. Bref.

Au regard de la somme des individualités des Brésiliens – avec notamment une armada offensive constituée des éléments parmi les plus dangereux actuellement dans les plus grands championnats européens – cette deuxième rencontre du groupe E entre le Brésil et la Suisse dimanche 17 juin à Rostov aurait dû être une simple formalité pour les partenaires de Neymar. Certainement, quand c’est sur le papier c’est même trop facile de le dire ! Mais, on le sait, la réalité du terrain en a souvent décidé autrement, surtout dans une compétition de grande envergure comme la Coupe du monde. Et c’était justement le cas dans ce « Brésil-Suisse ». Peu importe son statut, jamais une équipe n’acceptera de vendre sa peau à bon marché.

On ne cesse de le répéter : « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Tite et sa belle sélection brésilienne viennent d’en faire la dure expérience face à l’équipe suisse de football. Pour son entrée en lice au Mondial, la Seleção, véritable favorite au succès final du tournoi,  s’est fait freiner par les Suisses. Lichtsteiner et ses coéquipiers se sont montrés très intelligents dans le jeu au moment de mettre en déroute le plan de jeu des Brésiliens.

Avec la qualité technique qu’on leur connait, les Brésiliens avaient pourtant bien démarré l’affaire. Les Marcelo, Neymar, Coutinho et Willian n’ont en effet pas pris trop de temps à monopoliser le cuir, ce qui obligeait les Suisses à commettre pas mal de fautes. Ainsi, à la vingtième minute de jeu, dans la foulée de cette domination, Philippe Coutinho a fait jaillir toute la clarté de sa technique, offrant l’ouverture du score au Brésil avec l’amour de la frappe comme on ne la voit pas tous les jours à la télévision. Une œuvre de toute beauté.

Neymar ou l’offensive brésilienne inefficace 

L’avantage du score au profit des Brésiliens dans le premier acte de la partie n’a pas du tout découragé les Suisses. Au contraire. Au retour des vestiaires, ils ont montré un visage beaucoup plus conquérant. Ainsi, cinq minutes seulement après le coup d’envoi de la deuxième période, ils ont trouvé leur égalisation grâce à Zuber. Le score de parité (1-1) restera donc inchangé jusqu’au coup de sifflet final de la partie.

On peut ne pas être d’accord, mais le Brésil aurait pu remporter le match s’il n’y avait pas eu ce manque de transmission, qui a caractérisé son attaque pendant presque toute la seconde mi-temps. Une inefficacité offensive, due en grande partie au style de jeu bling-bling de Neymar. Car l’attaquant parisien, bien que souffrant de pépins physiques, n’entend pas simplifier sa manière de jouer. D’une manière ou d’une autre, son côté one-man-show a eu des préjudices considérables sur l’épanouissement collectif du jeu brésilien.

Ce match nul, ce n’était que la première sortie, pour ne pas répéter ce même couac dans les prochaines confrontations, l’équipe du Brésil a intérêt à être beaucoup plus fluide dans la construction de son jeu, notamment au niveau de l’animation offensive.

Le tweet de la prudence

Quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre, les fanatiques les plus zélés de la Seleção prévoyaient déjà une facile démonstration de leur équipe face à la Suisse. Toujours avec un peu de retenue dans mes observations, j’ai eu l’intelligence de faire ce tweet, en signe d’objectivité que requiert ce sport qu’est le football.
Rien n’est jamais totalement joué d’avance.

Osman Jérôme